L’usufruit est un droit réel attaché à un bien immobilier. Il permet à une personne, dénommée « usufruitier », de jouir du bien sans en être le propriétaire. Le nu-propriétaire, quant à lui, conserve la nue-propriété du bien sans pouvoir en user comme il le souhaite tant que l’usufruit perdure. Néanmoins, il existe des situations dans le cadre desquelles il est possible de faire tomber un usufruit. C’est justement ce que nous allons vous expliquer dans cet article.
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Dans quelles situations l’usufruit prend-il fin ?
La fin de l’usufruit peut survenir en cas de :
Décès de l’usufruitier
C’est la cause la plus fréquente de la fin de l’usufruit. En cas de décès de l’usufruitier, l’usufruit s’éteint automatiquement. La pleine propriété revient alors au ou aux nu(s)-propriétaire(s).
Renonciation de l’usufruitier
L’usufruitier a effectivement la possibilité de renoncer volontairement à ses droits sur l’usufruit. Généralement, cet abandon est motivé par un but fiscal ou pour mettre fin à des conflits avec le nu-propriétaire.
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Consolidation du bien
Il y a consolidation lorsque l’usufruitier devient le nu-propriétaire du bien, par exemple, à la suite d’une donation. Dans ce cas, on assiste à la fusion de la nue-propriété et de l’usufruit. Il en résulte la pleine propriété du bien.
Non-usage du bien durant 30 ans
Si l’usufruitier a délaissé son bien durant cette période, alors cela peut engendrer l’extinction de l’usufruit.
Perte de la chose
Cette situation se manifeste par la destruction du bien, ou si celui-ci devient inutilisable. Dans ce cas, l’usufruit s’éteint de facto.
Quelle est la procédure à suivre pour faire tomber un usufruit ?
Pour faire tomber un usufruit, il est nécessaire de/d’ :
Réunir des preuves et remplir les conditions liées à l’extinction de l’usufruit
En effet, avant d’entamer toute démarche, il faut réunir les éléments de preuves qui attestent que l’une des causes de la fin de l’usufruit est survenue. Par conséquent, s’il y a eu décès de l’usufruitier, il faudra présenter son acte de décès. S’il y a eu renonciation, alors, il faudra un acte notarié constatant l’accord entre les parties.
En outre, il faudra également réaliser une vérification approfondie des conditions liées à l’extinction de l’usufruit. Par exemple, les clauses du contrat initial ayant institué l’usufruit. Par conséquent, il sera possible de déterminer si on est en présence d’un usufruit viager (autrement dit, qui prend fin au décès de l’usufruitier) ou d’un usufruit temporaire (avec une durée limitée).
Faire constater la fin de l’usufruit par un acte notarié
Si tous les éléments sont rassemblés, alors il faut prendre un notaire pour constater la fin de l’usufruit. L’acte notarié servira à prouver l’extinction du droit et facilitera les démarches ultérieures, notamment en cas de vente du bien ou si un conflit advenait entre les parties.
Effectuer les formalités auprès des administrations compétentes
Autrement dit, il faut informer les services concernés que l’usufruit a pris fin. Il s’agit notamment :
- Du service des impôts fonciers : pour déclarer la fin de l’usufruit et de la nouvelle répartition des droits sur le bien afin d’ajuster les taxes foncières en conséquence.
- Du bureau des hypothèques : si un droit d’usufruit a été inscrit au fichier immobilier, alors il est nécessaire de demander sa radiation pour éviter tout éventuel problème.
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Quelles sont les précautions à prendre pour faire tomber un usufruit ?
Avant de faire tomber un usufruit, il est important de :
Vérifier l’intérêt économique et fiscal
En effet, il est essentiel d’évaluer si l’opération sera avantageuse, notamment sur le plan fiscal. Par ailleurs, il faut noter que la réintégration de la pleine propriété peut avoir des conséquences au niveau de l’impôt sur le revenu, des droits de donation ou de succession. Par conséquent, il est préférable de demander l’avis d’un notaire ou d’un conseiller fiscal pour déterminer l’intérêt économique de cette démarche.
Considérer les potentiels créanciers
Il est possible que des créanciers soient impliqués si l’usufruit prenait fin. Ce serait le cas si, par exemple, l’usufruit a été donné en garantie pour un prêt. Dans ce cas, le créancier doit être averti de votre intention de mettre fin à l’usufruit et les parties concernées doivent donner leur accord avant de procéder à l’extinction de l’usufruit.
A noter que si la fin de l’usufruit porte préjudice à un créancier, alors ce dernier peut engager des poursuites judiciaires pour obtenir réparation.
Anticiper les conflits entre le nu-propriétaire et l’usufruitier
Si la décision de faire tomber l’usufruit est le fruit d’un accord entre le nu-propriétaire et l’usufruitier, alors il est crucial de formaliser cet accord par un acte notarié afin d’éviter tout litige ultérieur. De même, il est recommandé de discuter en amont des conséquences pratiques de cette opération afin d’éviter toute querelle et/ou tension. Il s’agit, entre autres, du partage des frais, du remboursement des travaux réalisés sur le bien, etc.
En résumé, faire tomber un usufruit est une opération délicate qui nécessite une bonne connaissance des règles juridiques et fiscales en vigueur. Il est fortement conseillé de se faire accompagner par un notaire ou un conseiller juridique pour mener cette opération à bien et éviter tout problème juridique.